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Tête de Lune

* 2002 *

19 Avril 2013 , Rédigé par Tête de Lune Publié dans #Humeur à l'Histoire

 

***

 

 

Ca fait  un bout de temps que j'ai pas publié par ici...

Allez, hop, on s'y remet le temps d'un p'tit coup de vieux, suite à un concert de Damien Saez...

J'me souvenais qu'il y a...11 ans...lors de son passage à Lille j'avais publié un "article" sur mes impressions du concert, et après quelques recherches au milieu de mes disques durs (les cartons du grenier des années 2010’s..), je suis retombée sur ce que j'avais écrit.

A l'époque j'avais 22 ans.

 Cette année là, je vivais rue Manuel, je bossais à l'UGC, au milieu d'amis toujours présents aujourd'hui, et on s'était pris, le 21 avril, la claque qu'on avait pas vue venir.

Jean-Marie Le Pen au deuxième tour des présidentielles.

Image-18.png

21 Avril

 

Grande conscience citoyenne et engagement déjà prononcés avant ça, j'me souviens des manifs à n'en plus finir, baignées des musiques qu'on écoutait en boucle à cette période.

Damien Saez avait 25 ans, et il était très présent dans mes oreilles depuis un bout de temps, et en particulier dans cet environnement.

Notamment avec "Fils de France", qu'il avait écrit la nuit même à l'arrache, et qui était diffusée sur le Mouv', sans être sortie par la suite dans aucun de ses albums.

 J'me souviens que je guettais la diffusion de la chanson à la radio, avec une cassette audio, sur la chaîne hi-fi que j'avais eue à ma communion en 92 (et qui fonctionne encore aujourd'hui, c'est pas en achetant une maintenant qu'elle durerait 20 ans je pense..).  

C'est en replaçant dans ce contexte là que je sens que j'ai pris un ptit coup de vieux...

 

Image-20.png

(Nos enfants ne sauront jamais le lien entre les deux)


Je fais partie de la génération de la révolution internet, qui a aussi connu l'”avant”, les 45 tours et les mange-disques... 

Je n'ai pas connu la révolution de 1789 (ni la guerre mondiale de 78), ni la révolution industrielle, mais l'arrivée d'internet et de ses satellites a complètement bouleversé le quotidien, la façon d'accéder à la musique, et à la communication, entre autres, entre ma 20aine et ma 30aine.

 

Mais cette année là, c’est essentiellement celle de mon “idole” au milieu d'autres artistes satellites qui gravitaient autour de lui, de ses textes et de ses musiques.

Damien Saez était malgré tout dans mon Top 4, avec Raphäel (on est en 2002, il n'a sorti qu'"Hôtel de l'Univers" et "La Réalité"…) et Radiohead, depuis plusieurs années, même si je décroche un peu à cause de Kid A..

Les cuisines de l'UGC résonnaient de Jacques Brel, de Léo Ferré, de Dylan, de Miossec, de compilations diverses et variées.

La coupe du monde, lamentable pour les français après la victoire de 98, je l'avais écoutée sur le petit poste de radio qu'on avait au sous-sol du Toastissimo. 

 

Au milieu de tout ça, donc, y'a mon monument.

Noir Désir. 

Bertrand Cantat.

 

Noir-Desir-par-moi.jpg


Ma bulle du moment, c’est le forum de FND, environnement virtuel chronophage, où l’on développait (ou pas) nos idées sous les yeux du méchant Berfaz, “maître des lieux”, que je finirai par apprivoiser par la suite.

Ce forum marque essentiellement ma rencontre réelle, deux ans plus tard avec OkParano, aka Loïc de Montpellier. Une aventure humaine parallèle à ces posts mis en ligne…

Non, non, internet, c'est pas la vraie vie...

 

On est avant Vilnius, cette année là, et je vois Noir Désir deux fois, à la Rochelle en juillet et à Lille en Octobre.

Leur dernier album, qu'on ne sait pas encore être l'ultime, est sorti le 11 Septembre 2001, histoire qu'on retienne bien la date.

La tournée qui s’en suit est magique, Cantat au summum de son art.

Je suis transpercée, bouleversée, et dans les gradins à chaque fois, par peur de tomber dans les pommes comme à mon habitude dans la fosse. Trop souvent réveillée à l'extérieur de la salle dans les bras des vigiles, je n'ose pas prendre le risque avec mon idole absolue.

 

moi (2)

 

Cette année là, Damien Saez passe aussi par Lille, et il faut que j'aille le voir.

Je partage ces moments avec mes amis, et mon copain de l'époque, lui aussi, jeune vingtenaire, féru de musique, de Charlie Hebdo et de soirées entre amis où l'on refait le monde qu'on connaît à peine, un pétard au coin des lèvres...

Noyés dans les concerts lillois, découvertes du moment et autres festivals engagés, Degadezoo, Prohom, Expérience, Les Têtes Raides, Yann Tiersen, Liberté de Circulation, sur mes murs, encore aujourd'hui, des reliques de cette période… 

On vit, respire et baigne dans une ambiance gauchiste, pendant que je travaille pour Jean-Marie Messier, à l'époque l'UGC appartenant à Vivendi.

Les Victoires de la Musique cette année là font un scandale, je les vois en direct, au fil du discours, j'ai les larmes qui montent, de le voir s’exprimer comme ça, j'ai l'impression de voir là la fin du groupe, comme un suicide sur scène, avec un majeur tendu bien haut au "Camarade PDG". 

S’en suivent “Les Ecorchés” et “A l’envers à l’endroit”.

Magistraux.

 


 

Et puis, finalement, ça n'est pas ce discours qui marquera la fin du groupe…

Mais c’est une autre histoire…


L'année 2003 marquera un autre cycle, qui commencera à Noël 2002 et mon premier 13ème mois, avec l'acquisition de mon premier appareil photo numérique suivi de peu par l'achat de mon tout premier ordinateur digne de ce nom, à savoir, pas uniquement doté d'un traitement de texte, pourvu de ports USB (sans ça, je ne pouvais pas brancher l'appareil photo), un avec un écran plat, des logiciels de retouche de photos, et surtout... une connexion à l'ADSL (fin du "dindondindonschrriicchh" pendant 20 minutes pour la connexion du modem avec mon forfait AOL 50 heures..) et évidemment, l'apparition de Kazaa. 

Le Peer to Peer a changé ma vie, le communisme avait envahi mon réseau, tout le monde avait tout, tout le monde partageait tout, les lives, les bootlegs, les inédits, les raretés, introuvables auparavant. 

 

Mon-ordi-d-avant-.--1-.jpg  IMG00179.jpg

 

C'était le début d'une nouvelle époque qui allait "mettre fin à la musique" paraît-il.

 

                 

Toujours est-il qu'aujourd'hui, Damien Saez est toujours là, il fait toujours de la musique, et il est passé à Lille la semaine dernière, et avant d'en faire un nouvel article, je voulais me replonger dans mes mots et la vision de mes 22 ans, avec 11 ans de plus...

11 ans de plus à l'avoir écouté...


saez.jpg

21/11/2002

- Publié sur le forum du Site Destination Noir Désir- 

 

Ok, je me lance…

Ca fait un bout de temps que j'écoute Saez et franchement, j'apprécie vraiment, surtout le dernier album qui contient quelques merveilles (Voici la mort, J'veux qu'on baise sur ma tombe..), donc quand j'ai su qu'il passait à Lille, j'ai pris une place pour me rendre compte de sa dimension sur scène.

Premier choc en arrivant: j'ai eu l'impression d'être la seule majeure présente… Passons. 

En attendant dans la salle, j'ai quelque peu halluciné en voyant qu'on distribuait des flyers pour son "fan club" et oui, si quelqu’un est intéressé, tapez "menacés-mais -libres.com" de qui se moque-t-on, monsieur la "Rock'n roll star".. Bref, re-Passons. 

Enfin le gamin arrive sur scène (pas de première partie) en lançant au public des bonnets marqués "SAEZ". Re-re Passons. 

Il commence à chanter, ça remonte un peu le niveau, "Light the way", ponctués de nombreux "Daammmiiiieeenn" venant des petites minettes des premiers rangs, complètement en transe, au bord de leur premier orgasme rien qu'en apercevant le beau gosse (parce que oui, il est beau gosse malgré tout).

Mais le problème n'est pas qu'il le soit, mais plutôt, qu'il en joue. Re re bref, re re re passons 

Il entame, "J'veux qu'on baise sur ma tombe" . Je suis surprise d'entendre que le public la reprend en choeur, je croyais qu'ils s'étaient arrêtés à "Jeune et con" , mais là, le massacre commence, il épure à fond la musique et transforme avec sa gratte cette belle chanson en joli petit refrain commercial. Je commence sérieusement à me demander si je vais rester..

Le reste du concert se déroule dans le même esprit, le petit minet se dandine en massacrant ses plus belles compos, ou plutôt, en les adaptant à son public, ce que je trouve pitoyable. Il fait chanter "God blesse bless americainch'allalalalalalaLalalalala? C'est Lorie ou Saez? on se demande.. 

Mais le public lillois est à la hauteur de sa réputation, au premier rappel, toute la salle entonne "jeune et cons" et ils reviennent. Croyez moi ou non, ils sont revenus CINQ fois, j'ai jamais vu ça, les minettes ne veulent pas le laisser partir, elles hurlent "merci, merci" et ils reviennent à chaque fois, l'égo de plus en plus hypertrophié, il s'assoit au milieu de la scène et écoute le public l'acclamer pendant dix minutes, sans chanter.. 

Sortie du concert, j'entends "oh il est trooooop beau ", "oh il m'a regardé dans les yeux"!! Je me retiens de ne pas hurler, de rire, de désespoir?? Je ne sais pas vraiment..

En tout cas je suis déçue et je m'interroge; est-ce moi qui n'ai rien compris? ou les 99.9% restant?

Ce mec est il un opportuniste? C'est à dire qu'il s'est vraiment adapté à son public en s'oubliant, en oubliant l'esprit de "God blesse", volontairement, quitte à s'y perdre?

Ou est il un imposteur, un mec bien de chez univers sale, qui a choisi le biais du rebelle pour nous vendre ses albums hypocrites et formatés pour les ados, apprentis ou pseudo-gauchistes? 

Je suis dubitative, mais en tous cas je me suis pris une belle claque, diamètralement opposée à celle que je ma suis prise lors du concert de Noir Désir le 21 octobre dernier, toujours à Lille. 

Alors, que dire.

A suivre...

 

 

 

 

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