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* Emotions conditionnelles*
Demande à un aveugle s'il veut voir...
"Salomé, Odile.
Une goutte d'eau dans l'Océan du net, une goutte d'eau dans le Tsunami actuel...
Mais une goutte d'eau quand même.
C'est pas comme si,
j'étais presque par hasard 'tombée' sur son blog, et qu'au delà du fond, sa prose était souvent brillante dans la forme.
C'est pas comme si,
j'étais entrée en contact avec elle directement par mail, après avoir lu ses écrits en silence.
C'est pas comme si,
elle m'avait proposé dès le lendemain qu'on se voit 'en vrai'.
C'est pas comme si,
cette rencontre avait été touchante, émouvante, enrichissante.
Et renouvelée, plusieurs fois, du Nord à Paris.
C'est pas comme si,
on avait partagé des moments 'précieux', 'feutrés',
pendant de vraies poussées de fièvre dans mes bras, probablement liées à la morphine.
C'est pas comme si,
chaque instant était à saisir, comme si c'était le dernier.
opérée de la myopie depuis peu, mais génétiquement myope,
je pouvais encore voir des mirages, ou remettre en question ce que je voyais, ce que j'entendais, ce que je sentais, au toucher.
C'est pas comme si,
j'avais pu interpréter différemment mon malaise, face à elle, en la regardant droit dans les yeux.
C'est pas comme si, chaque aurevoir avait été un Adieu.
C'est pas comme si,
je m'étais résignée plus d'une fois à devoir la laisser partir 'elsewhere'..
C'est pas comme si,
sans guitare, elle avait 'joué' sur toutes mes cordes sensibles.
C'est pas comme si,
à mon petit niveau, j'avais eu l'impression de pouvoir vraiment faire quelque chose pour elle.
C'est pas comme si,
peu avant notre rencontre, L* était parti, cancer de la peau en 6 mois, et que je n'avais pu vivre avec lui ses derniers moments.
C'est pas comme si,
elle me parlait de ce qu'il ne m'avait pas dit, lui qui avait cherché à me préserver jusqu'au bout.
C'est pas comme si,
elle avait touché à la mort imminente, la maladie, la perte d'un être cher, la gémellité, la solitude, et même l'Holocauste...
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C'est pas comme si,
j'avais investi mes proches, dans son monde à elle, dans les "Z'aventures de Ouinnie" et de "l'Orange Gina" à travers le monde,
C'est pas comme si,
elle avait touché à également à mon milieu professionnel, où je parle chaque jour à des patients en vraie fin de vie, sans avoir à remettre leur parole en doute.
Evidemment.
C'est pas comme si,
j'avais aussi contribué à entretenir son mensonge en lui fournissant, entre autres, du matériel médical gratuitement.
C'est pas comme si,
elle avait prononcé justement ces mots, 'Soins Palliatifs', l'inverse de curatif...
Le 'il n'y a plus rien à faire'.
C'est pas comme si,
la devise d'un service pouvait être :
'Les Soins Palliatifs visent à ajouter de la Vie aux Jours.
Et non des Jours à la Vie.'
C'est pas comme si,
c'est exactement ce qu'on avait fait, tous, à notre échelle.
Pour elle.
Comme on aurait pu le faire pour d'Autres.
Parce que nous avons été touchés, humainement.
Et aussi manipulés.
Presque inhumainement.
C'est pas comme si,
elle avait touché, joué avec ce qui fait de nous, profondément, des Humains.
C'est pas comme si,
elle m'avait permise de rencontrer des gens hors du commun.
C'est pas comme si,
on s'était rassemblés autour d'elle pour une des causes les plus justes.
C'est pas comme si,
elle avait abusé de notre confiance, de notre envie d'aider l'Autre, de lui accorder de l'attention, du temps, voire bien plus.
(Et je sais que je ne suis pas la plus impliquée dans cette triste histoire...)
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Salomé est un mauvais rêve.
Merci à tous ceux qui on contribué à nous réveiller.
La Vérité est parfois cruelle, mais je préfère de loin avoir été informée, plutôt que d'être restée une journée de plus, aveugle dans ce mensonge.
Odile est réelle.
Elle m'a bouleversée.
Elle ne souffre peut être pas d'un cancer, mais je reste persuadée qu'un vrai mal la ronge.
Et qu'on doit aujourd'hui, dans la mesure de ce que nous pouvons faire, mettre tout en oeuvre pour que ça ne se reproduise pas.
Ni avec elle, ni avec d'autres.
Ni sur le net, ni dans la vie dite 'réélle'.
Cette 'expérience de dingue' m'aura aidée à relativiser,
prendre du recul,
essayer de garder l'oeil critique,
ne pas faire confiance aveuglément.
Surtout quand tout est biaisé par l'affect,
l'Emotion.
Ca m'apprendra.
Encore un peu plus.
A marcher sur un fil, en équilibre, entre l'insensibilité et la sensibilité exacerbée.
Ouinnie est tombé de très très haut..
Mais il n'est pas 'sorti du cadre'.
C'est pas "comme si je vous disais..."
(de réveiller une conscience politique? Là n'est pas le sujet aujourd'hui...)
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